Comment marche la blockchain ?
Cette semaine, Linaïa a participé à une matinale organisée par Rennes Atalante, sur le thème « Blockchain : comprendre comment ça marche et est-ce une révolution ? », en présence d’Alexandre Stachtchenko, co fondateur de Blockchain France, start-up parisienne qui accompagne les organisations dans le déploiement des technologies blockchain, et de Gilles Cadignan, président, CEO de Woleet, start-up rennaise spécialisée dans la sécurisation de données, basée sur la technologie blockchain.
On entend beaucoup parler de la blockchain ces derniers temps, mais de quoi s’agit-il exactement. Il faut savoir que c’est une des technologies qui a servi à concevoir le bitcoin. Toutefois, si la blockchain et le bitcoin ont été construits ensemble, aujourd’hui de nombreux acteurs envisagent d’utiliser cette technologie pour d’autres applications que la monnaie numérique.
C’est quoi ?
La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations. C’est une base de données distribuée, c’est-à-dire que toutes les données ne se trouvent pas au même endroit. Tout est transparent car chaque participant détient sa propre copie de la base de données mise à jour en permanence.
Il existe deux types de blockchains, les blockchains publiques, accessibles à tous, et les blockchains privées, dont l’accès et l’utilisation sont restreints. Une blockchain publique peut être comparée à un grand livre public, anonyme et infalsifiable. Le mathématicien Jean-Paul Delahaye en donne cette définition : « un très grand cahier, que tout le monde peut lire librement et gratuitement, sur lequel tout le monde peut écrire, mais qui est impossible à effacer et indestructible. »
Comment ça fonctionne ?
Les échanges, ou transactions, entre les utilisateurs sont regroupés dans des blocs. Chaque bloc est validé par les nœuds du réseau appelés les « mineurs ». Les mineurs fournissent leur puissance de calcul afin de pouvoir traiter des transactions, sécuriser le réseau et permettre à tous les utilisateurs du système de rester synchronisés. Chaque mineur est rémunéré au prorata de la puissance de calcul qu’il apporte au réseau.
Ils apportent un système de validation par « preuve de travail », un traitement cryptographique des données qui permet la validation des blocs de transactions. Effectuer ce traitement requiert non seulement de la puissance mais aussi du temps de calcul. N’importe qui peut prêter sa puissance de calcul. Plus il y a de mineurs, plus la puissance de calcul est importante et plus la résolution des preuves est difficile à s’attribuer.
Une fois le bloc validé, il est associé à une date et une heure et ajouté à la chaîne de blocs. Les transactions du bloc sont alors visibles pour l’ensemble du réseau. Le système doit pouvoir maintenir sa fiabilité dans le cas où une part minoritaire des composants enverrait des informations erronées ou malveillantes pour contourner la vérification.
Une fois ajouté à la chaîne, un bloc ne peut plus être modifié ou supprimé. C’est une garantie de l’authenticité et de la sécurité du réseau.
La preuve d’authenticité
L’authentification utilise la cryptographie à double clé : publique et privée. L’auteur d’un bloc crypte ses données grâce à une clé publique, unique et visible par tous, puis il l’envoie à la blockchain. La clé publique est associée à une clé privée, unique et exclusivement connue de son auteur, qui elle seule permet de décrypter le bloc et donc de garantir l’authenticité de son auteur.
Ce système respecte l’anonymat des participants. La clé publique est unique mais elle ne révèle pas l’identité de la personne qui la détient.
Les applications possibles
Cette technologie est principalement utilisée pour les crypto-monnaies comme bitcoin ou Ethereum. Toutefois, le fait que la blockchain soit décentralisée, sécurisée et transparente, permet beaucoup d’autres types d’applications. Elle est actuellement testée par nombre de secteurs pour déterminer de quelle façon tirer profit de cette technologie.
Parmi les utilisations possibles, on peut citer :
- Les échanges inter-bancaires
- Les contrats intelligents : programmes informatiques qui exécutent de manière autonome les conditions et termes d’un contrat, sans intervention humaine
- La certification de documents
- La protection de la propriété intellectuelle
- L’enregistrement des diplômes
- La traçabilité de la viande de porc en Chine (actuellement testée par Walmart et IBM)
Le champ des possibles est assez large : banques, assurance, immobilier, santé, énergie, transports, vote en ligne… D’une manière générale, les blockchains pourraient remplacer certains tiers de confiance.
Limites
Toutes ces promesses présentent toutefois quelques limites.
Le principal écueil concerne sa lenteur (dix minutes voire plus pour valider une transaction).
La consommation importante d’énergie est également pointée du doigt.
La blockchain peut aussi être la cible de pirates. Même s’ils ne peuvent pas altérer la chaîne de blocs, ils sont en mesure de repérer des failles dans les applications et de détourner de l’argent par exemple.
Un gage de confiance ?
La technologie blockchain se développe rapidement et pourrait laisser présager une révolution des usages comparable à celle du développement d’Internet à l’époque.
Cet outil fonctionne sans organe central de contrôle et augmente la décentralisation. Au-delà des implications économiques, la technologie présente un aspect révolutionnaire et pourrait engendrer des transformations sociétales en rapport avec la notion de confiance. Une confiance qui serait assurée par le partage et non plus par les tiers de confiance numériques actuels.
Il faudra faire ses preuves car la confiance ne se décrète pas, elle se gagne.
Crédit image : Davidstankiewicz